ALGER- La commémoration par l’Algérie du double anniversaire du 20 août (Offensive du Nord-Constantinois en 1955 et Congrès de la Soummam en 1956), dans le cadre des célébrations marquant le soixantenaire du recouvrement de la souveraineté nationale, vient consacrer deux dates charnières dans l’histoire de la Glorieuse guerre de libération nationale.
L’Algérie, fière de ses gloires et fidèle à ses martyrs et au Message de Novembre, commémore ce double anniversaire, au moment où « le pays, avec ses institutions et instances constitutionnelles, est arrivé à une étape où se dessinent les contours d’une Algérie confiante en son avenir », tel que l’a souligné le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, lors de l’allocution prononcée à l’occasion du défilé militaire organisé par l’Armée nationale populaire (ANP), le 5 juillet dernier, dans le cadre des festivités célébrant le soixantième anniversaire de l’indépendance.
Le Président Tebboune a appelé, dans son allocution, à ériger ces occasions historiques en « haltes qui témoignent de la fidélité aux chouhada et au legs glorieux de Novembre pour en faire des jalons au service de notre Patrie ».
Dans l’éditorial de la revue El Djeïch, parue juillet dernier, le Président de la République a affirmé que le dossier de la mémoire nationale, « qui est au cœur des préoccupations de l’Etat », est « un devoir national sacré ».
En effet, la date du 20 août marque la commémoration de l’anniversaire de deux haltes cruciales dans l’histoire de la guerre de libération nationale, compte tenu de leur portée extrêmement importante dans le processus de libération de l’Algérie du joug colonial français, en contribuant à l’internationalisation de la cause algérienne, d’une part, et en structurant et en organisant l’action militaire et politique, d’autre part.
L’offensive du Nord-Constantinois menée en 1955 a permis de faire retentir la voix du peuple algérien qui refusait de se soumettre au colonisateur français, et a eu pour résultat, l’inscription de la question algérienne à l’ordre du jour de l’Assemblée générale (AG) de l’ONU, tenue en septembre 1955, comme étant une question de décolonisation et non une affaire interne tel que présenté à l’époque par la France.
Dix mois après le déclenchement de la révolution, Zighoud Youcef, Chef de la Zone II (Nord-Constantinois) et son adjoint, Lakhdar Bentobal décident de mener en plein jour une offensive d’envergure contre des objectifs colons dans cette région qui comprend essentiellement les villes de Constantine, Guelma, Skikda et Collo.
Lors de cette offensive, des milliers de fellahs ont participé aux côtés des combattants de l’ALN aux attaques contre des postes de police, des casernes de la gendarmerie, des bâtiments publics et des installations appartenant aux colons.
L’objectif était de desserrer l’étau sur plusieurs régions notamment l’Aurès assiégées par l’armée coloniale depuis le déclenchement de la guerre de libération nationale et dont la population était victime d’une large campagne de répression sanglante, ayant fait près de 12.000 martyrs parmi les civils algériens sans défense.
L’offensive du Nord-Constantinois a marqué un grand tournant dans la lutte armée, en consacrant le caractère populaire de la Révolution et en contribuant au ralliement des classes moyennes et des dirigeants politiques, toutes tendances confondues, aux rangs de la Révolution.
En effet, à partir du 20 août 1955, la Révolution a pris un véritable envol qui se confirmera lors du Congrès de la Soummam, qui a véritablement structuré et organisé la Révolution, car jusque-là, le Front de libération nationale (FLN) ne disposait ni d’une direction centrale ni d’une organisation politique et militaire claire.
C’est à cette époque que s’est illustré un ancien militant du Parti du peuple algérien (PPA), le chahid Abane Ramdane, qui avait été arrêté en 1950 et libéré en janvier 1955. Ses contacts avec les chefs de la Révolution, notamment après sa rencontre avec Larbi Ben M’hidi, ont eu des résultats très positifs.
Une rencontre devait alors se tenir entre les chefs de la Révolution dans la région des Bibans fin juillet 1956, mais pour des raisons de sécurité, la rencontre a été organisée à partir du 20 août de la même année dans la région d’Ifri près d’Ighzer Amokrane sur la rive de la vallée de la Soummam.
Cette rencontre à huis clos a réuni Larbi Ben M’hidi, qui représentait l’Oranie, Abane Ramdane, qui représentait l’ALN, Amar Ouamrane, qui représentait l’Algérois, Krim Belkacem, qui représentait la Kabylie et Zighoud Youcef et son adjoint Lakhdar Bentobal, qui représentaient le Nord-Constantinois.
Malgré l’absence des délégations du Front de libération nationale à l’étranger et de la Fédération de France et des représentants de la Zone I’(Aurès-Nememcha), le Congrès, qui a duré plusieurs jours, a débouché sur des décisions historiques, dont le remplacement des cinq zones en vigueur depuis le 1er novembre 1954 par six wilayas (Aurès-Nememcha, Nord-Constantinois, Kabylie, Algérois, Oranie et Sud) subdivisées en zones, régions et secteurs.
Autre décision emblématique du Congrès de la Soummam, l’unification de l’Armée de libération nationale à l’échelle nationale dans sa structure, ses grades et son organisation à l’image d’une armée régulière.
Le Congrès a également permis de structurer la Révolution nationale militairement et politiquement, avec notamment la création d’un Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA), composé de 34 membres (17 titulaires et 17 suppléants), et d’un Comité de coordination et d’exécution (CCE).
C’est aussi lors de ce Congrès que la primauté du politique sur le militaire et de l’intérieur par rapport à l’extérieur a été consacrée.