Congrès de la Soummam (Bejaia), un moment décisif sur le chemin de la victoire

Congrès de la Soummam (Bejaia), un moment décisif sur le chemin de la victoire

BEJAIA- Il y a 66 ans, presque jour pour jour, le 20 août 1956, s’est tenu à Ifri OuzelIaguene (Bejaia) le premier congrès du Front de Libération Nationale (FLN) qui allait jeter les jalons d’une nouvelle organisation politique et militaire de la Révolution, mais aussi tracer les perspectives menant à la victoire et, par ricochet, à fonder les soubassements institutionnels de l’Algérie indépendante.

L’évènement s’est déroulé dans une totale clandestinité à la barbe et au nez de l’armée coloniale et au cours duquel les principaux dirigeants de la Révolution ont adhéré et participé.               

Parmi eux, figurent Larbi Ben M’hidi, chef de la zone V (cinq) et à qui a échu la présidence de la rencontre, Abane Ramdane, coordinateur d’Alger et qui a fait office de secrétaire du congrès, Zighoud Youcef, représentant de la zone II, Krim Belkacem de la zone III, Amar Ouamarane de la zone IV (quatre), et Lakhdar Bentobbal de la zone II, l’un des artisans avec Zighoud Youcef de l’offensive du constantinois en août 1955.

Il y en avait d’autres, tout aussi prestigieux que glorieux, dont Slimane Déhilès, le commandant Azzedine, Si Lakhdar et Ali Khodja. Deux absents ont manqué à l’appel, pour des cas de force majeure, notamment Mostefa Ben Boulaid, mort au combat cinq mois auparavant, et Ahmed Benbella, représentant de la délégation étrangère, qui n’a pu rejoindre le territoire national. Il y avait aussi Ali Mellah qui n’a pu rejoindre les lieux, mais qui a dû dépêcher un représentant de la zone IV.


Le Congrès de la Soummam a balisé le chemin du recouvrement de la souveraineté nationale


Seize délégations en tout y étaient présentes, s’attachant à donner, certes, « une nouvelle dynamique à la Révolution », mais aussi à « signer une nouvelle union sacrée autour du FLN avec, en toile de fond, le rassemblement des maquis et les membres de la délégation extérieure », soulignera feu Djoudi Attoumi, ancien officier de l’ALN et historiographe de la Révolution, qui notera que les préparatifs ont commencé au début de l’année 1956, soit six mois avant l’échéance.

Abane Ramdane et Ben M’hidi, qui formaient un sacré duo d’inséparables, ainsi que Amar Ouzeguene ont dû réaliser, pour ce faire, « un travail admirable », avait noté feu Attoumi, dans un entretien à l’APS, quelques semaines avant sa mort, survenue en septembre 2021 suite à des complications dues au covid-19.

En fait, après un échec dans le Constantinois, le congrès a été programmé initialement à la Qalâa d’Ath abbas, non loin de la localité d’Ighil Ali.

Seulement, il a été annulé à cause d’un incident aussi grave que cocasse :

Des moudjahidine, directement concernés par le congrès, notamment Krim Belkacem et Mohamedi Said, s’apprêtant à traverser la route à hauteur du village d’Allaghene non loin d’Akbou, ont été accrochés dans une attaque d’un détachement des forces militaires de l’ennemi qui a ouvert sur eux un feu nourri.

Et aux premières détonations, la mule qui transportait des fonds, une somme de 30.000 francs dans une sacoche, selon Djoudi Attoumi, et les documents en rapport avec le congrès, a fui et détalé en allant se réfugier dans un poste militaire ennemi. Si bien qu’il a fallu changer d’adresse et choisir ainsi des latitudes plus sures, en optant ainsi pour Ifri.

Et là, le congrès, entouré de toutes les mesures sécuritaires requises à son bon déroulement, a eu lieu, donnant l’opportunité à toutes les délégations de présenter leurs rapports de situations respectives, notamment au plan financier, des armes et effectifs disponibles (moudjahidine, moussabline et militants), de l’aspect psychologique des moudjahidine et de la population dans chaque wilaya, expliquera le directeur du Musée du moudjahid de Bejaia, Hani Rédouane, qui a présenté à l’APS des situations chiffrées et détaillées.

« Les congressistes ont fait un bilan minutieux de deux ans de guerre (1954-1956) et pris des résolutions décisives non seulement pour corriger les carences, mais aussi pour refonder l’organisation politique et militaire de la Révolution, mises ainsi sur la voie de la victoire », a-t-il dit.

« Aucun domaine n’a échappé à leur analyse et à leur soucis », dira-t-il, évoquant la création des wilayas historiques et la mise en place d’un nouveau découpage administratif et militaire, la création des tribunaux, la presse et les médias ainsi que tant d’autres domaines qui intéressent autant le djoundi que le citoyen.

« Même les orphelins et les victimes ont été intégrés dans les débats visant à venir en aide autant aux démunis qu’aux victimes de la guerre », a-t-il souligné.

Le congrès s’est achevé par l’adoption d’un grand nombre de résolutions, entérinant notamment la création d’un conseil national de la révolution algérienne et d’un comité de coordination et d’exécution et qui traçait déjà l’esquisse de la création d’un état moderne.

Le succès a été total et les mines réjouissantes affichées au lendemain du 20 août par les participants, en disaient long sur ce constat général, le congrès ayant été clôturé par un défilé général au village de Timrouine durant lequel Abane Ramdane et Zghoud Youcef ont paradé à cheval, les  traits ostensiblement rayonnants.

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